par Jean-François Loiseau
publié le 28 octobre 2017, mis à jour le 11 novembre 2024
C'est au lieu-dit « La Gagnonnière » , situé sur la commune de Tourouvre, principal foyer de l'émigration percheronne au Canada situé dans le département de l'Orne en région Normandie (France), à mi-chemin entre les bourgs de Tourouvre et de La Ventrouze, que se trouve le berceau de la famille Gagnon.
Six Gagnon migreront du Perche vers la Nouvelle-France au XVIIe siècle. Les trois frères Mathurin, Jean et Pierre Gagnon rejoindront le Québec vers 1640 avec leur mère Renée Roger. Pierre Gagnon père, laboureur, ne fera pas partie du voyage et restera dans le Perche.
Leur soeur Marguerite, épouse de Éloi Tavernier, part au Canada vers 1643 avec ses deux filles Marguerite et Marie.
A l'exception de Pierre qui a été baptisé à La Ventrouze, les autres enfants Gagnon émigrants sont baptisés en l'église Saint-Aubin de Tourouvre.
Marthe Gagnon, fille naturelle de Mathurin Gagnon et de Vincente Gaulthier, partira de La Ventrouze vers 1643 pour la Nouvelle-France, avec son père venu la chercher.
Robert Gagnon, originaire de La Ventrouze et fils de Jean Gagnon et de Marie Geffroy, cousin des quatre premiers, partira plus tard vers 1655 fonder la seconde branche de la famille Gagnon au Québec ; il est aussi l’ancêtre des Belzile.
Les travaux de généalogie génétique menés par le projet QuébecADN ont confirmé l'existence d'un ancêtre commun aux deux branches Gagnon. Robert Gagnon serait un cousin au 3e degré des trois frères, avec un décalage d'une génération (once removed).
L'ancêtre commun de tous les Gagnon serait donc le père de Barnabé, grand-père des trois frères, et on estime sa date de naissance vers l'an 1500. Un frère de Barnabé, dont nous ignorons le nom exact, aurait donné naissance à la souche de Robert.
En mai 2020, le résultat de cette étude a fait l'objet d'une publication dans la revue La Gagnonnière de l'association Les Familles Gagnon et Belzile :
« L'ancêtre commun de tous les Gagnon » de Dominic Gagnon (co-administrateur du projet QuébecADN et French Heritage, administrateur du projet Gagnon FTDNA).
Au XVIIIe siècle, la Nouvelle-France semble exercer le même attrait sur un autre Gagnon tourouvrain ; Jacques Gagnon, baptisé en l'église Saint-Aubin de Tourouvre le 15 décembre 1713, rejoint le Québec vers 1735.
GAGNON Inconnu 1 (ancêtre commun) | ||||||||||||||||||
GAGNON Barnabé ⚭ CRESTE Françoise GAGNON Pierre ⚭ ROGER Renée (La Ventrouze - Sainte-Anne-de-Beaupré) |
GAGNON Inconnu 2 GAGNON Inconnu 3 GAGNON Jean ⚭ GEFFROY Marie GAGNON Robert (1628-1703) ⚭ 1657 PARENTEAU Marie |
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Marguerite (1598-1677) ⚭ 1624 TAVERNIER Eloi |
Noël | Louis |
Mathurin (1606-1690) ⚭ 1647 GODEAU Françoise |
Mathurine |
Jean (1610-1670) ⚭ 1640 CAUCHON Marguerite |
Pierre (1612-1699) ⚭ 1642 DESVARIEUX Vincente |
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TAVERNIER Marguerite (~1627-1697) ⚭ 1644 GRAVELLE Joseph-Macé |
TAVERNIER Marie dite Soeur Sainte-Monique (1631-1700) ⚭ 1647 BACON Gilles |
C'est le petit-fils de Robert Gagnon (1628-1703), Jean Baptiste Gagnon (1688-1753), fils de Jean et Jeanne Loignon, qui est à l'origine du patronyme bien canadien des familles Belles-Isles et Belzile. Jean Gagnon, marié à Geneviève Gamache (1692-1736), fille du seigneur de l'Islet, était résident de Rivière-Ouelle. Appointé par le Gouverneur, Commandant de la milice de la Rive-Sud et Gardien des Isles, en face de L’Islet, il prend ce surnom sans doute pour se démarquer de son père Jean, aussi capitaine de milice. Leurs trois fils continuèrent à s'appeler ainsi, mais la moitié de leur descendance garda le nom de Gagnon et laissa tomber le Belles-Isles alors que l'autre moitié fit l'inverse pour retenir Belles-Isles.
Marguerite, la fille aînée de Pierre Gagnon et de Renée Roger, est née à la Gagnonnière à Tourouvre et
est baptisée le 5 octobre 1598 en l'église Saint-Aubin de Tourouvre. Elle se marie avec Antoine Bédard,
puis devenue veuve, elle se remarie le 3 février 1624 en l'église Sainte-Madeleine de La Ventrouze avec Éloi Tavernier,
originaire de la paroisse Saint-Malo de Randonnai[1]. Marguerite Gagnon part au Canada vers 1643 avec ses deux filles Marguerite et Marie. Elle s'installe sur la Côte
Beaupré où ses frères se sont déjà fixés.
Il n’est pas établi avec certitude que son mari Eloi Tavernier soit parti au Canada. Contrairement à ce qu'affirme la chercheuse Françoise Montagne, Eloi Tavernier n’est pas mentionné comme présent sur l'acte de mariage de sa fille Marguerite avec Joseph-Macé Gravelle dit Brindelière, le 1er mai 1644 à la chapelle Notre-Dame-des-Anges de Québec. Par ailleurs, on n’a pas retrouvé la trace de son décès au Canada.
Sa seconde fille Marie entre en religion le 19 mars 1668 après le décès de son mari Gilles Bacon. Elle prononce ses voeux le 19 octobre 1669 et devient soeur Sainte-Monique.
Marguerite Gagnon décède à Château-Richer le 7 décembre 1677.
Mathurin Gagnon est né à la Gagnonnière, à deux milles de l'église Saint-Aubin de Tourouvre où il est baptisé le
22 octobre 1606. Il part pour le Canada avant 1640 par l'entremise de Noël Juchereau, laissant au Perche sa fille Marthe née vers 1636 qu'il a eu hors mariage avec Vincente Gaulthier.
Mathurin reviendra chercher sa fille en 1643.
Marchand et membre de la Communauté des Habitants, Mathurin est le seul des trois frères Gagnon à
savoir lire et écrire. Il apparaît comme le chef de cette famille-souche. Il signe : Gaingnon. Dans les documents,
il est rarement question du patronyme « Gagnon » , mais plutôt de Gaignon, Gangnon, Gaignons, Gaignion ou Gasgnon.
Il semblerait que la prononciation en usage outre-atlantique soit responsable de la modification de ce nom et
de la forme qu'on lui connaît aujourd'hui.
Bien qu'étant le plus âgé des frères, il est le dernier à se marier le 30 septembre 1647 à Québec, avec Françoise Boudeau (ou Godeau)
originaire du Ménil-Guyon (Orne), fille de François Boudeau (ou Godeau) et de Jeanne Jehanne (ou Jahan) (originaire de La Ventrouze). Françoise est alors
âgée de dix-sept ans environ, tandis que Mathurin a quarante et un ans. La mère de Mathurin Gagnon, Renée Roger, est présente à
leur mariage. Entre 1649 et 1674, une quinzaine d'enfants naissent de ce couple qui donnera le plus de Gagnon au Canada.
Pendant des années, la famille Gagnon incarne la solidarité familiale. Ensemble, les trois frères s'établissent sur la Côte de Beaupré, entre Château-Richer et Sainte-Anne. L'hiver, ils semblent préférer Québec où, oubliant la terre,
ils se transforment en négociants. Ensemble toujours, ils obtiennent, le 14 août 1651, la concession d'un terrain place de la Basse-Ville où ils élèvent une maison. Quelques années plus tard, le 6 octobre 1658, enrichis par l'agriculture
et par le commerce, ils font l'acquisition d'un magasin.
Mathurin Gagnon décède le 20 avril 1690 à Château-Richer. Son épouse Françoise Godeau décède le 14 septembre 1699 et est inhumée le lendemain à Château-Richer.
Marthe Gagnon est la fille naturelle de Mathurin Gagnon et de Vincente Gaulthier née vers 1635 dans la paroisse Saint-Martin de L'Hôme-Chamondot. Le 29 janvier 1635 à Tourouvre, Mathurin Gagnon et Vincente Gaulthier passent un acte de cession concernant leur enfant. Vincente Gaultier promet de nourrir et de gouverner l'enfant. Mathurin parti en Nouvelle-France vers 1640 avec les autres membres de sa famille, reviendra dans le Perche vers 1643 chercher sa fille.
Marthe se marie une première fois le 19 novembre 1650 à Beaupré avec Jean Doyon originaire de Périgny (Aunis).
Le couple aura six enfants. Quinze ans plus tard devenue veuve, Marthe Gagnon se remarie le 21 avril 1665 à Château-Richer avec le normand Jacques Lesot originaire de Berneval-le-Grand (Seine-Maritime).
Deux enfants naîtront de cette seconde union.
Marthe Gagnon décède le 21 novembre 1670 à Château-Richer où elle est inhumée le lendemain.
Jean Gagnon est baptisé le 13 août 1610 en l'église Saint-Aubin de Tourouvre. Il est le premier des trois frères pionniers à fonder un foyer. Le 29 juillet 1640, il épouse à Québec Marguerite Cauchon, fille de Jean Cauchon et Marguerite Cointerel, originaire du pays de Caux, près de Dieppe en Normandie. Au moins huit enfants naîtront de cette union entre 1641 et 1659.
Renée Marie Gagnon, née en 1643 à Québec, épouse Jean Ouimet, en 1660. Marguerite Gagnon, née en 1645 à Québec, épouse en 1661, Jean-Baptiste Caron, fils de Robert Caron et Marie Crevet. Jean Gagnon épouse en 1670 Marguerite Drouin, fille de Robert Drouin et de Marie Chapelier. Puis Germain Gagnon, né en 1653, épouse à Chaâteau-Richer en 1688, Jeanne David, fille de Jacques David dit Pontife et de Marie Grandin. Enfin, la cadette de la famille de Jean et Marguerite, Marie Gagnon, née en 1659, devient l'épouse en 1678, de Louis Gagné, fils des pionniers percherons Louis Gagné et Marie Michel.
Jean Gagnon décède le 2 avril 1670 à Château-Richer. Son épouse Marguerite Cauchon décèdera 29 ans plus tard le 26 juin 1699 à l'Hôtel-Dieu de Québec.
Le plus jeune des frères, Pierre Gagnon, est baptisé le 14 février 1612 à l'église Sainte-Madeleine de La Ventrouze.
Laboureur, il a une vingtaine d'années lorsqu'il part avec ses frères pour le Canada.
Pierre unit sa destinée le jour de ses 30 ans, le 14 février 1642, à Vincente Desvarieux, âgée de 18 ans, originaire de
Saint-Vincent-d'Aumermail du pays de Caux, archevêché de Rouen, en Normandie, fille de Jean Desvarieux et de Marie Chevalier.
Ils ont dix enfants ensemble, entre 1643 et 1660, dont Pierre Gagnon, né vers 1646, qui épouse en 1669 à Château-Richer,
Barbe Fortin, née le 21 octobre 1654 à Québec, fille du pionnier percheron Julien Fortin et de Geneviève Gamache.
Vincente Desvarieux décède le 2 janvier 1695 et est inhumée le lendemain à Château-Richer. C'est dans cette même ville que
Pierre Gagnon meurt le 17 avril 1699 et qu'il est inhumé le lendemain.
Robert Gagnon, fils de Jean Gagnon et de Marie Geffroy, cousin des quatre premiers, fonde à son tour une branche de la famille Gagnon au Québec. Robert est originaire de La Ventrouze où il est baptisé le 1er mars 1628 en l'église Sainte-Madeleine. Il épouse le 3 octobre 1657 à Québec Marie Parenteau, fille d'Antoine Parenteau et d'Anne Brisson. Au moins dix enfants naîtront de cette union entre 1658 et 1680.
Il s'installe dans l'Île-d'Orléans auprès de son compatriote Guillaume Landry, sur une terre concédée en la paroisse de Sainte-Famille.
Robert est inhumé le 2 septembre 1703 à Sainte-Famille-de-l'Île-d'Orléans.
C’est le petit-fils de l’ancêtre Robert, Jean Gagnon (fils de Jean et Jeanne Loignon) qui est à l’origine des Belzile. Il épousa Geneviève Gamache, fille de Nicolas (coseigneur de L’Islet).
Fils de Jacques Gagnon et de Madeleine Le Tondeur, Jacques Gagnon est baptisé en l'église Saint-Aubin de Tourouvre le 15 décembre 1713. Sur son acte de mariage, sa mère est nommée Madeleine Sibotière.
Jacques Gagnon dit Saint-Jean s'engage dans la Marine et débarque à Québec comme soldat des Compagnies Franches de la Marine, troupes de fusiliers marins qui assuraient la défense de la Nouvelle-France.
D'après différentes citations dans le registre des malades de l'Hôtel-Dieu de Québec, Jacques Gagnon serait arrivé en 1735 sur le navire du roy Le Héros. Toutefois le soldat Jacques Gagnon du navire Le Héros hospitalisé à l’Hôtel-Dieu de Québec en 1735 est âgé de 22 ans et originaire de la paroisse Saint-Eustache de Paris.
Si l'âge correspond à la date de baptême de l'émigrant percheron, s'agit-il de la même personne ?
C'est au fort de Chambly que Jacques Gagnon rejoint sa garnison. Le 27 octobre 1741, il y épouse Marie-Anne Vergeat dite Prénouveau, de 17 ans son aînée, fille de Jean-Baptiste et de Marie Boisselles, de la paroisse de Notre-Dame de Québec. Le couple n'aura pas d'enfant.
Jacques Gagnon est mentionné dans les registres comme soldat du détachement de la Marine (1741), soldat de la compagnie de M. de Denoyelle (1741), archer soldat de la compagnie de M. Desméloises (1744).
On ne trouve pas trace de sa sépulture dans les registres québécois. Son épouse « vve de St Jean » , meurt le 14 novembre 1767 et est inhumée le lendemain à l'Hôtel-Dieu de Québec.
partis en Nouvelle-France aux XVIIe et XVIIIe siècles.
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