par Jean-François Loiseau
publié le 28 octobre 2017, mis à jour le 11 novembre 2024
Gaspard Boucher, fils du menuisier Jacques Boucher et de Françoise Paigné, est né vers 1599 dans la paroisse Notre-Dame de Mortagne-au-Perche (Orne, France). Le 12 décembre 1619 à Mamers (Sarthe, France),
il épouse Nicole Lemaire baptisée dans l'église Notre-Dame de Mamers le 10 mars 1595[1].
Le couple aura au moins huit enfants dont cinq migreront en Nouvelle-France : Pierre, Nicolas, Marie, Marguerite et Madeleine. Sept des huit enfants ont été baptisés dans l'église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche ; l'acte de baptême de Madeleine n'a pas été retrouvé en France, ni en Nouvelle-France ;peut-être est-elle née au cours de la traversée de l'Atlantique. Charles, baptisé le 7 avril 1620, est inhumé seulement dix jours après. Antoinette et Charles baptisées respectivement les 6 août 1621 et 4 mars 1628 sont vraisemblablement morts en bas âge avant le départ de la famille pour la Nouvelle-France. On ne trouve trace de leur décès ni en France ni au Québec.
Ayant répondu à l’appel de son compatriote Robert Giffard, Gaspard Boucher vend sa ferme de Mortagne le 1er février 1634.
La date de sa traversée n'est pas certaine. Il est possible qu’il se soit embarqué pour Québec dès 1634. Quelques historiens ont émis l’opinion que c’est lors de ce premier voyage
qu’il emmena son épouse Nicole Lemaire et quatre de ses enfants : Pierre, le futur gouverneur de Trois-Rivières, fondateur et seigneur de Boucherville, Nicolas, Marie et Marguerite.
Dans un mémoire rédigé en 1695, Pierre Boucher affirme qu’il a été emmené au pays en 1635, à l’âge de 13 ans.
Si Gaspard vint en 1634, il a pu retourner l’année suivante chercher sa famille et ses bagages ; c’est au cours de ce voyage qu’il aurait eu une altercation avec son compatriote
Thomas Giroust. L’acte de Guillaume Tronquet qui rapporte cet incident, daté du 12 septembre 1638, précise que Boucher et sa famille ont fait la traversée sur un navire commandé par le capitaine de Ville.
Or les quatre navires de 1634 étaient commandés par Du Plessis-Bochart, Nesle, Bontemps et Lormel. Le capitaine de Ville a pu commander un des « huit forts navires »
dont parle la Relation de 1635 à la date du 4 juillet, et dont six mouillèrent à Tadoussac avant de se rendre à Québec.
[2]
La famille s'établit dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges où Gaspard, menuisier de profession, est embauché par les Jésuites pour travailler sur leur ferme.
C'est à Trois-Rivières que Gaspard Boucher et son épouse seraient inhumés. Gaspard est vraisemblablement mort entre 1662 et 1666 dans l'incendie de sa maison.
Madeleine, sa fille, épouse d'Urbain Baudry, déclare le 27 juin 1668 que le titre de concession de 1646 « a esté bruslé avec la maison dudit Gaspard Boucher, dans lequel il estoit » .
Pierre Boucher, fils aîné de Gaspard et Nicole Lemaire, est baptisé le 1er août 1622 en l'église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche. En 1637, alors âgé à peine de quatorze ans, il accompagne les Jésuites dans leurs missions en Huronie où
il apprend le dialecte des indiens dont il partagera la vie pendant quatre ans.
A son retour à Québec et grâce à ses connaissances linguistiques, Pierre Boucher servira d'interprète au gouverneur Huault de Montmagny auprès des tribus indiennes.
Le 17 janvier 1649 est signé au foyer de Gaspard Boucher à Trois-Rivières, le contrat de mariage de Pierre Boucher, âgé de 27 ans, et de Marie Ouebadinskoue, une jeune huronne élevée chez les Ursulines de Québec[6]. Elle est appelée aussi Marie-Madeleine Chrestienne. Un fils Jacques naît de cette union ; il est baptisé le 11 décembre 1649 à Trois-Rivières en la paroisse de l'Immaculée-Conception. La jeune mère meurt-elle en couches? On ne trouve plus trace de Marie-Madeleine Chrestienne et son fils dans les registres québécois après ce baptême.
Le 9 juillet 1652 en l'église Notre-Dame de Québec, Pierre Boucher se remarie avec une Normande, Jeanne Crevier, fille de Christophe Crevier un boulanger de Rouen et Jeanne Evrard. L'acte de mariage ne précise pas que Pierre Boucher est veuf. Quinze enfants naîtront de cette seconde union.
« Les fils adopteront divers noms, la plupart choisis par Pierre Boucher lui-même et inspirés du terroir percheron. Ils formeront les familles Montarville, Montbrun, Grosbois, Grandpré, Montizambert, La Bruère, La Perrière, Boucherville. »[2]
Boucher s'installe à Trois-Rivières en 1645 et assure la défense du fort contre les attaques iroquoises. Nommé capitaine du bourg en 1651, puis gouverneur intérimaire,
il conclut une paix avec des Iroquois venus attaquer Trois-Rivières en 1653. Il est élu conseiller du roi à Québec en 1657, mais se retire la même année sur ses terres de l'arrière-fief Sainte-Marie,
détaché de la seigneurie du Cap-de-la-Madeleine[3].
En 1661, Pierre Boucher, en qualité de délégué, retourne en France pour présenter au jeune roi Louis XIV et à son ministre Jean-Baptiste Colbert, les requêtes de la colonie. Il est alors anobli par Louis XIV, devenant ainsi le deuxième émigrant habitant de la Nouvelle-France distingué par le pouvoir royal, le premier étant Robert Giffard, anobli en 1658.
« Boucher, en effet, connaît la colonie mieux que personne. Il a à son crédit d’éclatants faits d’armes. Il a vécu dans l’intimité des gouverneurs, ce qui lui a permis d’acquérir une distinction de manières et d’allure. »[2] Pierre Boucher reste en France du 22 octobre 1661 au 15 juillet 1662.
Pierre Boucher revient en 1662 comme gouverneur de Trois-Rivières, poste qu'il occupera jusqu'en 1667, année où il décide de s'établir sur ses terres.
Il est nommé juge royal en 1663 et se voit concéder l'année suivante le fief des Îles-Percées en amont de Ville-Marie (Montréal). Encouragé par Colbert à coucher sur papier ses considérations sur la colonie, Pierre Boucher fait imprimer en 1664 à Paris par Florentin Lambert L'histoire véritable et naturelle des mœurs et productions du pays de la Nouvelle-France, vulgairement dite le Canada. Cet ouvrage sera réédité sous plusieurs formes au XIXe siècle[4]. En 2014, Christophe Horguelin propose une édition de ce texte en français moderne publiée aux éditions Almanach. Elle propose aussi, dans la riche postface écrite par l’historien Thomas Wien, une nouvelle biographie de Pierre Boucher (la première depuis 1969) et une relecture critique de son opuscule.[5]
Dès 1667, Pierre Boucher s'installe dans sa seigneurie des Îles-Percées, renommé Boucherville. Avec des pionniers judicieusement choisis à Trois-Rivières, il met son fief en valeur selon ses propres préceptes ; il est notamment l'un des premiers seigneurs à ajouter l'élevage à ses activités agricoles en louant un troupeau de bovins à ses censitaires. Boucherville devient l'une des seigneuries les plus prospères et les mieux organisées de la colonie. Ce n'est qu'en 1672 que l'indentant Jean Talon cède officiellement à Pierre Boucher la seigneurie de Boucherville. Pierre Boucher meurt en son manoir de Boucherville le 19 avril 1717, à l’âge de 94 ans. Il est inhumé le lendemain en l'église de Boucherville.
Le 28 mars 2017, Pierre Boucher est désigné « personnage historique » par le ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française, Luc Fortin.
« Pierre Boucher a laissé une empreinte profonde dans l’histoire de la Nouvelle-France en raison de son rôle dans la résolution de conflits, dans l’établissement de meilleures relations avec la métropole et dans la relance de la colonie. Ses qualités de diplomate, de rassembleur et de médiateur l’ont amené à exercer une influence considérable sur le développement de la Nouvelle-France. Cette désignation traduit la volonté de notre gouvernement de faire connaître et de valoriser cette figure marquante du passé. »
Nicolas Boucher, fils de Gaspard et Nicole Lemaire, est baptisé le 9 septembre 1625 en l'église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche. Il est inhumé le 23 mars 1649 à Trois-Rivières sans laisser de descendance[1].
Marie Boucher, fille de Gaspard et Nicole Lemaire, est baptisée le 22 janvier 1629 en l'église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche. Elle se marie à Québec le 30 janvier 1645 avec Etienne de Lafond, originaire de Saint-Laurent-la-Barrière en Saintonge. Le couple aura 8 enfants. Marie Boucher décède le 29 novembre 1706 à Batiscan où elle est inhumée le lendemain[1].
Marie Marguerite Boucher, fille de Gaspard et Nicole Lemaire, est baptisée le 28 juillet 1631 en l'église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche. Elle se marie vers 1645-1646 avec Toussaint Toupin. Un contrat de mariage a été passé le 25 décembre 1645 à Québec devant maître Guillaume Audouart. Le couple aura 6 enfants. Marguerite Boucher est décédée entre le recensement de 1666 et le 3 juin 1669, date du remariage de Toussaint Toupin[1].
Madeleine Boucher, fille de Gaspard et Nicole Lemaire, est née vers 1633. Son acte de baptême n'a pas été retrouvé en France, ni en Nouvelle-France ; peut-être est-elle née au cours de la traversée de l'Atlantique. Elle se marie vers 1647-1648 avec le sarthois Urbain Baudry dit Lamarche baptisé le 6 janvier 1615 en la paroisse Saint-Martin de Luché, aujourd'hui Luché-Pringé (Sarthe, France). Un contrat de mariage a été passé le 18 novembre 1647 à Québec devant maître Guillaume Audouart. Le couple aura 11 enfants. Madeleine Boucher est décédée le 13 septembre 1691 à Trois-Rivières où elle est inhumée le lendemain[1].
Film documentaire de 55 minutes réalisé par APO Productions (atelier associatif des Amis du Perche) et l'association Perche-Canada en 2011.
En partenariat avec les villes de Mortagne-au-Perche (Orne, France), Boucherville (Québec, Canada)
et le Musée de l'Emigration française au Canada de Tourouvre (Orne, France).
partis en Nouvelle-France aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Liste mise-à-jour par perche-quebec.com en novembre 2023