par Jean-François Loiseau
publié le 28 octobre 2017, mis à jour le 11 novembre 2024
Le deuxiesme jour des (dits) mois et an (juin 1615) Jean Guion de la par(oisse) de Thorovre et Mathurine Robin de ceste par(oisse) ont este espousez
Quand son père décède en 1623, Jean Guyon vend la maison familiale de Tourouvre et se fixe à Mortagne, prenant sa mère avec lui. Cette dernière disparaîtra trois ans plus tard.
Probablement grâce à un héritage, la famille s'installe dans une plus grande demeure, et la vie continue.
Il exercera la profession de maçon. A 42 ans, dix jours après la naissance de son fils Michel, Jean Guyon va céder aux propositions de Robert Giffard, médecin, chantre de l'émigration vers la Nouvelle-France
et décide de tout quitter pour « faire, par la grâce de Dieu, colonie au pays de la Nouvelle-France ».
Si Robert Giffard tient à le recruter, c'est sans doute parce qu'il maîtrise son métier, et on ne saurait en douter puisqu'en 1615, on lui confie, en sa qualité de maître maçon,
le soin de doter l'église Saint-Aubin de Tourouvre d'un escalier d'une trentaine de marches conduisant au clocher.
Cet ouvrage peut encore être admiré de nos jours.
Dix ans plus tard, on recourt à ses services pour la restauration des murailles de Mortagne, ce qui témoigne également de la confiance dont il jouissait auprès du procureur syndic des habitants de la ville.
Les fortifications étaient sans doute fort mal en point, car Mortagne avait changé 22 fois de mains pendant les guerres de Religion!
En mars 1634, Jean et son fils embarquent à Dieppe et après deux mois de traversée, ils arrivent à l'embouchure du fleuve Saint-Laurent.
D'après l'historien Marcel Trudel (1917-2011), Mathurine Robin ne serait arrivée avec ses autres enfants qu'en 1636, à l'exception de sa fille Barbe et de son gendre qui rejoindront le reste de la famille bien plus tard vers 1652.
Jean Guyon est de toutes les fêtes religieuses et populaires. Ainsi, le Journal des Jésuites nous apprend que lors de la Fête-Dieu de 1646, il marche avec un autre migrant percheron célèbre Zacharie Cloutier à la tête de la procession, et que, à l'occasion du mariage de Jean Guyon du Buisson, le fils aîné du pionnier, avec Elisabeth Couillard, fille de Guillaume Couillard et Guillemette Hébert et petite-fille de Louis Hébert,
« il y eut deux violons à la noce, ce qui ne s'était pas encore vu au Canada » .
Ce n'est qu'en 1653 que Jean Guyon et son épouse cèdent leur maison de Mortagne à la paroisse.
Comme ses fils veulent s'établir à Québec, Jean Guyon met son fief en location pour trois ans, à partir de 1659, tout en continuant d'y habiter. Son fils François finira cependant par s'y intéresser, non sans que Jean Guyon du Buisson ne fasse valoir son droit d'aînesse.
Un long procès dressera les héritiers les uns contre les autres après la mort du patriarche.
Jean Guyon décéde le 30 mai 1663 à Beauport et est inhumé le lendemain à Québec âgé de 70 ans. Mathurine Robin l'avait précédé dans la tombe un an plus tôt ; elle est décédée le 16 avril 1662 à Beauport et est inhumée à Québec le lendemain.
Huit des enfants, dont six fils, se marieront et donneront à la colonie une pléiade d'enfants.
Au fil des siècles, leurs descendants ont donné naissance à des générations de Guyon, devenus Guion ou Dion. Elles se sont installées au Québec, au Canada et aux Etats-Unis. Céline Dion est la plus célèbre de ces descendants.
En 1730, la lignée Guyon compte 2150 personnes, ce qui la place ainsi au premier rang des familles françaises d'Amérique.
Le parc et la rue Jean Guyon dans le quartier 5-4 de l’arrondissement de Beauport de la ville de Québec rendent hommage à ce pionnier percheron respectivement depuis le 20 février 1984 et le 1er janvier 2002.
Le Québec, une histoire de famille
© La Boîte à Histoire Inc.
Jean est baptisé le 1er août 1619 en l'église Saint-Jean de Mortagne-au-Perche. Il arrive le 4 juin 1634 à Québec. Jean jettera son dévolu sur Elisabeth Couillard (1645), la petite fille de Louis Hébert : le couple aura 13 enfants. Jean Guyon est décédé le 14 janvier 1694 à Château-Richer et y est inhumé le surlendemain.
Simon est baptisé le 2 septembre 1621 en l'église Saint-Jean de Mortagne-au-Perche. Le PREFEN estime son année d'arrivée en Nouvelle-France à 1636. Le 10 novembre 1653, il épouse Louise Racine , fille d'Étienne et de Marguerite Martin : le couple aura sept enfants. Simon est décédé le 8 février 1682 à Québec et y est inhumé le lendemain dans le cimetière des pauvres de l'hôpital.
Claude est baptisé le 22 avril 1629 en l'église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche. Son parrain est le noble homme Claude Chovet, sieur de la Morrelière, conseiller du Roy, élu à l'élection du Perche et sa marraine, dame Suzanne Roumet.
Le PREFEN estime son année d'arrivée en Nouvelle-France à 1636. Il se marie une première fois avec une Parisienne, Catherine Colin (1655), originaire de la même paroisse que l'épouse de Samuel de Champlain, Saint-Germain l'Auxerrois: le couple aura 12 enfants.
Claude prend en secondes noces le 1er décembre 1688 Marguerite Binaudière, une fille du roi originaire de Chartres avec qui il n'aura pas d'enfant.
Claude Guyon est inhumé le 23 février 1694 à Québec
Denis est baptisé le 30 juin 1631 en l'église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche. Le PREFEN estime son année d'arrivée en Nouvelle-France à 1636. Le 21 octobre 1659 à Québec, il unit sa destinée à celle d'Elisabeth Boucher, fille de François et de Florence Gareman. Le couple aura neuf enfants. Denis Guyon est décédé le 30 août 1685 dans la basse ville de Québec et y est inhumé le lendemain.
Michel Guyon, sieur de Rouvray, est baptisé le 3 mars 1634 en l'église Notre-Dame de Mortagne-au-Perche. Le PREFEN estime son année d'arrivée en Nouvelle-France à 1636.
Charpentier de navires, il choisit pour compagne, le 4 septembre 1662 à Québec, Geneviève Marsolet, fille de Nicolas, qui est sieur de Saint-Aignant, tout d'abord interprète arrivé en 1613 avec Samuel de Champlain, puis propriétaire de plusieurs seigneuries dont celle de Bellechasse: le couple aura 13 enfants. On ne connait pas la date de décès de Michel Guyon si ce n'est qu'elle se situe après le 2 avril 1707.
Son frère cadet François, dit Després, baptisé le 7 décembre 1639 à Québec, s'allie lui aussi avec une Marsolet, prénommée Marie-Madeleine, la soeur de Geneviève. Le couple aura 12 enfants.
Il est à signaler que les deux frères Guyon se marient aux soeurs Marsolet le même jour le 4 septembre 1662; ils ont signé leur contrat de mariage devant le notaire Audouard le 20 août précédent.
Les deux filles Guyon doivent relever aussi le défi des familles nombreuses.
Barbe, l'aînée de la famille, est baptisée le 19 avril 1617 à Mortagne-au-Perche. Elle y épouse le maître coutelier Pierre Paradis, le 11 février 1632; le couple a sept enfants avant de migrer en Nouvelle-France vers 1652 et il en porte quatre autres à l'église après son arrivée. Barbe décède subitement le 27 novembre 1700 à Saint-Pierre, Île-d'Orléans et y est inhumée le surlendemain.
Marie Guyon est baptisée le 18 mars 1624 à Mortagne-au-Perche. Le PREFEN estime son année d'arrivée en Nouvelle-France à 1636. Elle n'a que treize ans lorsqu'elle choisit pour époux le 12 juillet 1637 à Québec un solide normand, le maçon François Bélanger ; celui-ci sera capitaine de milice sur la Côte de Beaupré et recevra en 1677 la seigneurie de Bonsecours (L'Islet). Le couple a 12 enfants. Marie décède le 29 août 1696 à Cap-Saint-Ignace et y est inhumée le 1er septembre 1696.
L'arbre généalogique de Céline Dion présente une particularité très rare ; les lignées ascendantes patrilinéaire et matrilinéaire se rejoignent respectivement au niveau des 12e et 13e générations!
Le couple de pionniers Jean Guyon et Mathurine Robin est au croisement de ces deux lignées. Qu'un même couple figure dans les deux lignées ascendantes patrilinéaire et matrilinéaire est exceptionnel.
La lignée matrilinéaire d'un individu est la chaîne des femmes qui, l’une après l’autre, lui ont donné naissance.
Elle remonte la lignée de la mère, de la mère de la mère, de la mère de la mère de la mère, etc., sur un certain nombre de générations.
La lignée patrilinéaire remonte l'arbre de père en père, c'est celle par laquelle le patronyme se transmet généralement. Dans le cas de Céline Dion, le patronyme a évolué au fil des générations de Guyon à Dion.
Lignée patrilinéaire |
Lignée matrilinéaire |
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GUYON Jean (1592 Tourouvre - 1663 Beauport) |
⚭ 1615 Mortagne-au-Perche |
ROBIN Mathurine (~ fin XVIe Mortagne-au-Perche - 1662 Beauport) |
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GUYON Jean (1619-1694) ⚭ 1645 COUILLARD Elisabeth Isabelle (1631-1704) GUYON Pierre (1670-1697) ⚭ 1694 TESTU Angélique (1675-1710) GUYON Louis (1697-) ⚭ 1722 GAMACHE Marguerite Anne (1694-1759) GUYON Joseph Joachim (1728-1793) ⚭ 1751 FOURNIER Marie Marguerite (1734-1801) DION Joseph (1781-1810) ⚭ 1803 BERNIER Yvonne Modeste (1776-) DION Joseph (1804-) ⚭ 1833 CHESNEL Marie Julie (1806-1878) DION Joseph (1833-1905) ⚭ 1867 LÉTOURNEAU Marcelline (1845-1922) DION Adélard (~1870-1940) ⚭ 1893 LÉVESQUE Esther (1871-1934) DION Joseph Charles Adélard (1895-1957) ⚭ 1922 BARRIAULT Marie Ernestine (1904-1980) |
GUYON Barbe Marie (1617-1700) ⚭ 1632 PARADIS Pierre (1604-1675) PARADIS Madeleine Marie (1653-1669) ⚭ 1667 ROUSSIN Nicolas (1635-1697) ROUSSIN Marie (1669-) ⚭ 1685 TREMBLAY Pierre (1660-1736) TREMBLAY Marie Anne (1710-1749) ⚭ 1732 DUFOUR Joseph (~ 1709-1774) DUFOUR Marie Josèphe (1735-1760) ⚭ 1750 TREMBLAY François (1727-) TREMBLAY Félicité (1759-)> ⚭ 1774 GAGNÉ Joseph Ignace (1752-) GAGNÉ Marie Modeste (1789-1866) ⚭ 1809 SAINT-LAURENT Michel (1786-1859) SAINT-LAURENT Émilie (1830-1896) ⚭ 1848 GAGNÉ Joseph (1822-1909) GAGNÉ Marie Adèle (1853-~1901) ⚭ 1889 SERGERIE Joseph Gustave (1870-1910) SERGERIE Antoinette (1897-1976) ⚭ 1913 TANGUAY Achille Lauriat (1892-1953) | ||||
DION Adhémar (1923 les Méchins - 2003 Laval) |
TANGUAY Thérèse (1927 Ste-Anne-des-Monts - 2020 Laval) |
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⚭ 1945 La Tuque |
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DION Céline (1968 Repentigny) |
Comme Céline Dion, la lignée patrilinéaire de Stéphane Dion remonte au pionnier percheron Jean Guyon.
Le patronyme a évolué au fil des générations de Guyon à Dion.
partis en Nouvelle-France aux XVIIe et XVIIIe siècles.
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