par Jean-François Loiseau
publié le 28 octobre 2017, mis à jour le 12 avril 2023
Jeanne Dodier née vers 1647 est originaire de Mamers[1], ville du Saosnois limitrophe du Perche située aujourd'hui dans le département de la Sarthe.
Elle est la fille de Jean Dodier, sieur de la Florinière et de Françoise Lemaire, parents de trois autres enfants tous baptisés dans la paroisse de Chemilli (Orne):
• François, le 20 mars 1634
• Gervaise, le 4 avril 1637
• Jean, le 6 novembre 1638
Aucun registre percheron ou québécois permet d'établir un lien de parenté précis avec les autres pionniers percherons portant le même patronyme,
Jacques Dodier originaire de Champaissant ou Sébastien Dodier originaire d'Igé.
En revanche, Jeanne Dodier est la nièce des pionniers percherons Nicole Lemaire et Gaspard Boucher, et donc la cousine germaine de Pierre Boucher, gouverneur de Trois-Rivières, fondateur et seigneur de Boucherville.
Jeanne Dodier est arrivée en Nouvelle-France vers 1662. Le contrat de son premier mariage daté du 31 décembre 1663 à Trois-Rivières avec Adrien Jolliet,
mentionne notamment que Jeanne Dodier « a esté dottée par Pierre Boucher escuyer, sieur de Grosbois gouverneur et juge royal auxdictes Trois-Rivières
lequel dot est de la somme de six cent livres tournois payable dans un an du jour des épousailles. »
L’acte précise en outre que la future épouse est assistée par « le dict sieur Boucher son cousin au logis duquel elle est a present demeurant et
damoiselle Jeanne Crevier femme du dict sieur Boucher, Estienne Delafon et Marie Boucher sa femme, Urbain Baudry, dict Lamarche et Madelaine Boucher sa femme. »
Ainsi Pierre Boucher aurait-il logiquement apporté son soutien à une jeune cousine germaine âgée d'une quinzaine d'années, candidate à l’émigration. Elle est alors orpheline.
Le départ de Jeanne Dodier pourrait donc être intervenu en 1662, année où Pierre Boucher, à l’issue de son ambassade auprès de Louis XIV et de Colbert, prend la jeune fille sous son aile lors de son retour en Nouvelle-France,
en compagnie d’une centaine de colons dont les percherons Robert Boulay et Charles Turgeon.
Au recensement de 1667, Jeanne Dodier est âgée de 20 ans, ce qui confirme une arrivée en Nouvelle-France à l’âge de quinze ou seize ans.
Elle y est citée pour la première fois le 15 août 1663, année d’arrivée des premières filles du roi, ce qui a amené à l’intégrer dans les listes des jeunes filles envoyées de France.
Contrairement à nombre d’entre elles qui, en descendant du bateau, mettent pied à terre dans l’inconnu, Jeanne Dodier parvient en 1662 ou 1663 sur les rives du Saint-Laurent, y retrouvant parents ou connaissances déjà établis[1].
Le 22 janvier 1664, Jeanne Dodier épouse à Trois-Rivières, Adrien Jolliet, sieur de Chansenaye, frère aîné du célèbre Louis Jolliet, découvreur du Mississippi avec le père Jacques Marquette. Deux enfants naissent de ce mariage :
• Jeanne, née vers 1666.
• Jean, né vers 1669, qui épousera en 1695 Marie-Jeanne Cusson (décédé le 12 novembre 1741 au Cap-de-la-Madeleine).
Suite au décès de son premier mari entre le 13 avril 1669 et le 12 septembre 1671, Jeanne Dodier épouse vers 1670, Antoine Baillargé, originaire de Poitiers, dont elle a un fils :
• Simon, né vers 1673, qui s’établira à Boucherville (où il décédera le 29 juillet 1713 à 40 ans).
À nouveau veuve en 1674, Jeanne Dodier épouse au Cap-de-la-Madeleine, Mathurin Normandin, dit Beausoleil dont elle aura quatre enfants :
• Jean-Baptiste, né (ou baptisé) le 13 février 1675 au Cap-de-la-Madeleine, qui épousera Marie-Anne Perrault-Desrochers en 1706 à Boucherville (décédé à Boucherville le 7 janvier 1714) ;
• Marie-Françoise, née (ou baptisée) le 27 février 1678 au Cap-de-la-Madeleine, qui épousera Maurice Bénard dit Bourjoly, le 8 novembre 1696 au Cap-de-la-Madeleine ;
• Marie Jeanne Madeleine, née (ou baptisée) en juillet 1680 au Cap-de-la-Madeleine, qui épousera René Courcambec en 1707 ;
• Joseph, né (ou baptisé) le 9 avril 1682 au Cap-de-la-Madeleine, qui épousera Marguerite Rivet (ou Rive) le 30 janvier 1712 au Cap-de-la-Madeleine (décédé à Verchères le 19 octobre 1751).
Jeanne Dodier décède entre le 9 avril 1682 et le 4 février 1706[1].
Pour pallier le manque de femmes parmi les pionniers, Louis XIV favorisa l'émigration de 764 jeunes filles vers la Nouvelle-France entre 1663 et 1673. L’expression fille du roi sous-entend que ces immigrantes étaient les pupilles du roi de France et qu'à titre de protecteur, celui-ci suppléait aux devoirs de leur père naturel en veillant sur elles et en les dotant. Elles venaient pour la plupart des orphelinats des villes côtières telles que Honfleur, Dieppe ou La Rochelle, et des Hôpitaux généraux de Paris. Cinq d'entre elles sont d'origine percheronne : Marguerite Pelois (1665), Madeleine Dumortier (1667), Marie Ariot (1670), Barbe Boyer (1673) et Jeanne Dodier (1662)[2]. A peine débarquées, elles signaient des contrats de mariage avec les pionniers du Nouveau Monde et se mariaient généralement dans les jours ou semaines qui suivaient la signature[3].
partis en Nouvelle-France aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Liste mise-à-jour par perche-quebec.com en novembre 2023